Le tout nouveau mouvement politique "Génération Monaco" a consacré sa première soirée-conférence à la santé

Le mouvement « Génération » de Marc Mourou, tout juste créé, a organisé sa première conférence avec des spécialistes de la santé. Objectif: occuper le terrain en informant et discutant avec les Monégasques.

Ce lundi 31 mars, moins de deux mois après son apparition officielle dans le paysage politique monégasque, le mouvement « Génération Monaco » – incarné par l’ex-conseiller national Marc Mourou – tenait sa première soirée-conférence au Novotel devant 150 personnes.

Un format façon réunion publique, amené à se répéter tous les deux mois pour occuper le terrain sur le long terme, durant lequel experts et Monégasques sont invités à échanger à bâtons rompus sur une thématique – en l’occurrence la santé, ce soir-là – et les enjeux de la Principauté pour les décennies à venir.

Membre du comité directeur de Génération Monaco et docteur en médecine nucléaire depuis 15 ans au Centre hospitalier Princesse-Grace, Benoît Paulmier a introduit cette soirée avec un tableau flatteur de la qualité des soins en Principauté:  » Pays à la plus longue espérance de vie, forte concentration d’établissements, densité médicale exceptionnelle avec 7,5 médecins pour 1.000 habitants, certification du CHPG par la haute autorité de santé », a-t-il listé.

Malgré ces bases saines, des points noirs existent. « Ces dernières années, le report des patients des communes limitrophes vers Monaco s’est accentué en raison de la saturation que connaissent les hôpitaux français. Cela se ressent dans les délais de rendez-vous, notamment dans certaines spécialités comme la pédiatrie, la dermatologie, la pneumologie, la gynécologie obstétrique », indique-t-il.

Comme lors de la soirée de lancement du mouvement politique, la salle du Novotel était comble ce lundi 31 mars. Photo Generation Monaco.

« On a besoin d’un peu d’air pour souffler »

Pour son confrère, Mathieu Liberatore, chef du service radiologie au CHPG mais aussi président de la commission médicale d’établissement et médecin associé en cabinet privé, la résolution de cette problématique passe par une médecine libérale et un hôpital forts. « Il faut remettre le paquet sur la médecine ville. C’est le parti pris du gouvernement depuis l’arrivée de Christophe Robino et on sent une différence », estime-t-il. Sur les douze derniers mois, 10 médecins libéraux ont en effet reçu l’autorisation de s’implanter à Monaco, permettant de renforcer l’offre de soins. « Mais on ne comble pas un manque si facilement », indique-t-il, mettant sur la table l’épineux sujet de l’attractivité du pays pour les praticiens. « Ces 6 derniers mois, pour les concours des chefs de service à l’hôpital, il y a deux postes pour lesquels il n’y avait qu’un seul candidat. Selon les spécialités, on n’a pas le choix du riche, regrette-t-il. En ville, on a essayé de démarcher beaucoup de praticiens et ça s’est rarement soldé par quelque chose de positif. La colonne inconvénients prend le pas sur celle des avantages, avec la problématique d’accès à Monaco ou les honoraires bloqués et limités pour un certain nombre de patients. Il faut aller plus loin, réfléchir à la mise à disposition, la construction de locaux adaptés. »

Et de conclure en guise de résumé: « Le niveau médical est très élevé en Principauté avec des praticiens très investis mais on est au maximum de l’activité que l’on peut faire. On a besoin d’un peu d’air pour souffler. »

Ostéopathie, kiné: ce qu’il faut améliorer

D’autres praticiens ont aussi défendu leur secteur. Quentin Leguay, jeune kinésithérapeute libéral, s’attriste de voir que peu de Monégasques, 10 sur 46 en poste, embrassent cette profession qu’il estime menacé. « Le métier de kiné à Monaco est en danger et la qualité des soins pourrait en pâtir, alerte-t-il. Le système mis en place par la CCSS ne permet pas un retour sur investissement pour le matériel et les études dans le privé. Pour gagner correctement sa vie, un kiné doit travailler entre 50 et 60 heures ou augmenter son nombre de soins au détriment de la qualité. Le coût de l’immobilier est aussi important en sachant qu’un kiné a besoin d’espace pour les exercices. »

Un champ d’actions à élargir

Chez les 17 ostéopathes en fonction à Monaco, en revanche, la plupart sont Monégasques. « Deux sont en cours d’intégration et un est toujours en école, annonce Philippe Davenet, ostéopathe et président du registre des ostéopathes de Monaco. Cette profession a toute sa place dans l’offre de soins, aussi bien que la médecine anti-âge ou esthétique. Ce n’est pas une médecine parallèle mais complémentaire et dont l’approche est totalement compatible avec la médecine traditionnelle. »

La profession, particulièrement encadrée par une loi, a plusieurs combats à mener selon lui: poursuivre la « relation gagnant-gagnant » avec l’exécutif princier, l’Ordre des médecins et les patients; un champ de compétences plus élargi « grâce à l’action d’un Conseil national davantage à notre écoute » avec la possibilité de manipuler les cervicales sans passer par le certificat médical d’un médecin, ou intervenir sur les plus jeunes enfants. « On est encore à l’âge de pierre sur cette législation. Cela ne sert personne et surtout pas les patients », estime-t-il. Mais aussi la possibilité d’un remboursement par les caisses sociales et non pas uniquement par les mutuelles, quand elles le prennent en charge, car, pour l’heure, « cela prive les gens à faibles revenus de ce type de soins. C’est très dommageable ». Enfin, Philippe Davenet explique que la loi permet depuis peu l’intégration des ostéopathes aux cliniques et hôpitaux. « Jusqu’à présent, on avait un refus systématique. À l’hôpital, on estime qu’on n’est pas assez bons pour y travailler alors on confie ce rôle à des infirmières ostéopathes, des médecins qui auraient une formation. Dans un pays de droit, un pays d’ouverture, un pays de compétences, on doit faire autre chose que du bricolage. »

Une prochaine conférence en juin

La prochaine conférence de Génération Monaco, sur le thème de l’attractivité, se tiendra le 4 juin 2025 à 18 heures dans un salon de l’hôtel Novotel – 16, boulevard Princesse-Charlotte à Monaco.

Source : Monaco Matin – Thibaut Parat
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